Réalisé par Paul Verhoeven ; écrit par Paul Verhoeven et Gérard Soeteman.
.... Les trahisons enchaînées
Une guerre ne laisse guère de répit à ceux qui y sont confrontées, ce film en fait de même avec ses personnages et ses spectateurs. Le retournement de situation en est le motif dramatique, il ponctue chaque étape du film, le relance sans jamais lui fait perdre sa prestance, enlaçant les personnages sans jamais lasser. Tous sont pris dans une même toile d’araignée, la Seconde Guerre Mondiale, avec ceux qui occupent et ceux qui résistent. Et la frontière entre les deux camps a parfois tendance à osciller et à provoquer des confrontations là où on ne les attend pas...
Ellis (Caris Van Houten) est la seule rescapée d’un massacre de juifs orchestré par les allemands : se joignant alors à la Résistance, elle devient espionne au centre de Renseignements Allemand. Sa double position n’est pas simple, en plus d’être dangereuse, elle est aussi pénible : un plan marque particulièrement cette dualité. Ellis fait des copies d’un document et en profondeur de champ est emmené un de ses compagnons de la Résistance dont on entend bientôt les cris, elle quittera précipitamment cet espace devenu insupportable.
Tous se croisent et tous sont liés : celui qui renseigne à celui qu’il espionne, celui qui trahit à ceux qu’il trahit, certains qu’on croit dans un camp sont dans l’autre et les revirements n’auront de cesse d’avoir lieu jusqu’à la toute fin du film. C’est une instabilité du monde, des gens et des situations qui est ainsi mise en relief par le film.
C’est aussi l’histoire d’un combat, celui de cette femme qui va subir toutes sortes d’humiliations une fois la guerre terminée alors qu’elle a déjà vécu un calvaire en tentant d’aider la résistance et qu’elle a déjà tout perdu. Les contrastes seront ainsi de mise dans la dernière partie, lors de la Libération. Alors que la foule hurle sa joie, des drames continuent à se jouer et des traîtres à agir. Le spectateur, comme les personnages, ne reprend jamais son souffle, toujours entraîné dans cette chaîne infernale dont les chaînons se brisent un à un avec fracas, violence qui bien que présente n’est pas insistante.
Un des moments les plus saisissant se situe au bout de cette chaîne, du moins pense-t-on qu’il s’agit de son extrémité. Il n’y a pas de sang mais des éclats, des éclats de voix jusqu’au silence, des personnages à bout effleurent alors le calme au bord d’un lac paisible. Mais la chaîne de la guerre n’a pas encore trouvé sa fin et alors qu’on croit avoir trouvé le repos avec la rescapée, c’est une autre guerre, encore, ailleurs qui l’attend, qui nous attend...
Romain Faisant, écrit le 18/12/06
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