samedi 10 décembre 2011

► COLLISION (2005)


Réalisé par Paul Haggis; scénario de Paul Haggis et Bobby Moresco.


...Le choc des couleurs

La structure narrative du film est celle des fameux « destins croisés » où les vies des divers protagonistes vont à un moment donné se heurter, entrer en collision. Un film choral donc au titre polysémique car les chocs sont multiples, aussi bien internes à la diégèse, qu'externes : le spectateur n'en ressort pas indemne. Structure similaire à des films tels que 11 : 14 (Greg Marcks, 2004) ou encore  Amours chiennes  (Alejandro Gonzalez Inarritu, 2000), une première partie nous montre les personnages évoluant dans leur milieu, dans l'univers du brassage de cultures et de couleurs qu'est la ville de Los Angeles. D'emblée nous sommes mis face au problème du racisme qui se manifeste de façon forte par un affrontement : celui de l'épicier et du vendeur d'arme. Le ton est donné, on est au cœur d'une poudrière, au sens propre comme au sens figuré.

Et très vite les convictions de chacun vacillent, chaque scène place et les personnages et les spectateurs face à un questionnement sur ses propres réactions, sur ses propres attitudes. Plus ou moins enfouis, chacun à son envers, pire ou meilleur que la façade. Oui, on déteste le flic raciste puis il nous fait pitié lorsqu'on le voit s'occuper de son père malade et enfin on l'admire quand il sauve celle, une femme noire, qu'il a humiliée peu avant...Choc des revers, choc de nos sentiments, choc des ambivalences, choc des humains.

Les destins qui se sont frôlés dans une première partie, se heurtent dans la seconde avec une série de climax où les personnages se retrouvent face à eux-mêmes car face à ce qu'ils craignent, à nus, à un tournant. Ces scènes sont comme une sorte de flottement, un instant suspendu où se jouent des destins, le réalisateur à d'ailleurs recourt à des ralentis et surtout à des nappes sonores qui reviennent avec une superbe voix aérienne et mystique qui accompagne ces instants de basculement.

Grand film d'acteurs également puisque le choc provient pour beaucoup de l'interprétation sans failles des protagonistes qui rend encore plus palpable cette collision que l'on prend de plein fouet. Collision est de ces films auxquels on pardonne les quelques faiblesses narratives. Mais même si des opinions ont changées de façon brutale, c'est le personnage qui se croit tolérant qui aura un geste meurtrier, à cause de la peur et des préjugés. Les derniers plans surplombent les tracées des flèches de la route, espoir d'autres virages, d'autres collisions mais même s'il neige sur les lumières scintillantes de L.A, l'image est aussi poétique qu'amère, encore faudrait-il que le résultat de ces collisions ne soient pas comme ces flocons, éphémère...

Romain Faisant, écrit en Septembre 2005.

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