Écrit et réalisé par Guillermo Del Toro
.... Les épreuves de la guerre
L’originalité principale du film est de traiter de la guerre et du franquisme à travers une histoire qui fait intervenir en parallèle une aventure fantastique. Il y a ainsi le récit de la surface, celui du camp militaire et le récit souterrain, celui du merveilleux, celui du cœur du labyrinthe qui s’enfonce dans les profondeurs. Cette construction duelle décline sa forme en présentant deux personnages de femmes, une servante : Mercedes (Mirabel Verdu) et une enfant : Ofelia (Ivana Baquero). Chacune doit affronter son monstre et ses épreuves, sur le mode du fantastique pour l’enfant, sur celui de la réalité pour la femme.
Comme pour l’issue de la guerre, nous connaissons l’issue du film, celle de la surface tout du moins. En effet, c’est par la combinaison d’une prolespe et d’une analepse que s’ouvre le film car nous voyons d’emblée le corps d’Ofelia à terre, du sang s’écoule et l’image alors se rembobine pour nous ramener dans le passé que le film va nous conter.
La temporalité tient une place importante : elle est un spectre qui domine les personnages et conditionne leur action. Un accouchement est en attente, un assaut de la résistance se prépare, des épreuves doivent être accomplies, des secrets préservés...Quant au sadique capitaine de l’armée, il est obsédé par cette montre que lui a laissé son père, brisée à l’heure de sa mort pour que son fils garde cette trace physique de sa disparition. Ce vestige du passé est comme une annonce du futur.
Mercedes fait face, à la surface, à son monstre : le capitaine, d’une violence extrême qu’elle marquera au visage d’un coup de couteau, comme pour qu’il porte physiquement la trace de sa cruauté. Dans les profondeurs, Ofelia se démène pour réussir les épreuves que lui impose Pan. Toutes les deux, chacune à sa manière et chacune dans son univers, font preuve de bravoure, d’intelligence et de bonté. C’est l’engagement et la volonté d’un ailleurs que met en scène le film à travers ce labyrinthe, concret et métaphorique, où les personnages se croisent, se heurtent, sont faits prisonniers.
Ces valeurs humaines étant aussi bien ancrées dans la réalité de la guerre que dans le fantastique souterrain, c’est au centre de ce dédale que se rejoindront, de façon alterné, les deux univers. Et alors que l’Espoir personnifié, le renouveau, incarné par un nouveau né, est extirpé des griffes du monstre humain, celle qui l’a sauvé replonge dans son abîme merveilleux, au son d’une comptine, au son d’un conte où le sang existe...
Romain Faisant, écrit le 29/11/06
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